La Coopération suisse promeut la filière Lait pour renforcer le pouvoir économique des femmes en milieu rural

Actualités locales, 29.05.2019

Pour contribuer à atténuer les effets démographiques et de pauvreté, la Coopération suisse fait la promotion de six filières porteuses (maïs, riz, igname, manioc, lait, viande) identifiées par les acteurs comme créatrices d’emploi et génératrices de revenus. Dans ce cadre, elle accompagne les groupements de femmes spécialisés dans la transformation du lait de vache en fromage peulh appelé « Wagashi ». La production de « Wagashi » occupe une place importante dans la transformation artisanale du lait de vache au Bénin. Fabriqué à base du lait de vache élevée selon les pratiques exclusivement écologiques, le « Wagashi » fait partie des produits de l’élevage le plus répandu et le plus consommé. Le soutien apporté aux femmes est donné à travers le programme d’appui au secteur du développement rural (PASDER).

Transformatrice de lait de vache en fromage peulh appelé ''Wagashi'', soutenue dans le cadre du  programme d’appui au secteur du développement rural (PASDER) de la Coopération suisse au Bénin.
Transformatrice de lait de vache en fromage peulh appelé ''Wagashi'', soutenue dans le cadre du programme d’appui au secteur du développement rural (PASDER) de la Coopération suisse au Bénin. © DDC Benin

Les femmes du « Groupement Professionnel Féminin d’Eleveurs de Ruminants GPFER - POTAL », situé à Gbassa dans la commune de Banikoara transforment le lait de vache en « Wagashi ». Par le passé, elles étaient ignorantes des gestes basiques en matière d’hygiène dans la production du fromage. Elles ne savaient pas que le lait collecté doit être couvert et filtré pour le débarrasser des impuretés avant la transformation. De plus, elles utilisaient un coagulant végétal dans le lait caillé sans en maîtriser la technique. Ce qui donnait au fromage un goût amer ou acide, une couleur verdâtre et accélérait son pourrissement. Les passoires utilisées, à base de feuilles de rônier, ne donnaient pas non plus un bon aspect au fromage. Après transformation, les femmes obtenaient du fromage qui, au bout de deux jours devenait gluant du fait de la mauvaise coagulation. Pour ces raisons, la transformation n’était pas régulière et les membres du groupement étaient gagnés par le découragement.

Face à ces difficultés, le programme d’appui au secteur du développement rural –PASDeR – de la Coopération suisse a démarré des actions de renforcement de capacités des femmes. Ainsi, les femmes ont bénéficié des formations en gestion, en marketing et commercialisation de même que des visites d’échanges pour améliorer leur production. Elles ont reçu également un appui en équipements modernes et un financement du Fonds Communal de Développement Agricole (FCDA), promu la Coopération suisse.

Ces acquis en poches, les femmes se sont organisées en petits sous-groupes pour une transformation rotative. Toutes les membres amènent le lait et le groupe responsable de la transformation le récupère pour transformation. Trois membres sont chargés de la vente du fromage les jours de marché de Goumori, le gros village le plus proche. Le groupement dispose par ailleurs d’un compte où l’argent est déposé et partagé ensuite à égalité entre les membres. Le fonds de roulement sert en outre à acheter le lait aux membres et à d’autres vendeuses au prix de 700 FCFA le litre.

Des résultats concrets pour un mieux-être des femmes rurales.

La formation a permis de changer fondamentalement les pratiques de transformation du lait en fromage au sein du groupement. Après la formation, les membres du groupement arrivent désormais à produire du fromage qui est tendre, qui a bon goût et une coloration rouge obtenue avec les tiges de sorgho. Le fromage n’est plus acide et se vend bien sur le marché de Goumori. « On achète d’abord notre fromage avant de s’intéresser à celui des autres », se réjouissent les femmes du groupement. Le fromage du groupement s’exporte à Banikoara ou dans l’Alibori par le biais de revendeuses.

Gain d’argent pour les membres

L’argent généré par la transformation a permis aux femmes d’entreprendre de petites activités génératrices de revenus : vente de savon, d’arachide, de papaye, de condiments, etc. « Avec la vente des arachides, je ne manque pas d’argent pour payer mes condiments, du savon ou pour aller au moulin ! » témoigne l’une d’elles.

Harmonie dans les couples et reconnaissance du rôle de la femme par le mari et par la communauté

Les femmes sont désormais dans une posture où elles n’attendent plus forcément que les époux fassent toutes les petites dépenses de la maison. Elles affirment avoir plus de considération de la part de leurs maris : « Si ton mari se lève et ne te donne pas l’argent de la popote et revient trouver que tu es allée au moulin et tu as bien préparé, il y a du respect ».  Cette situation contribue à une meilleure harmonie au sein des couples. Elles soulignent aussi que leurs avis aux rencontres communautaires comptent désormais.

Paiement régulier des cotisations

Avant, les membres du groupement n’arrivaient pas à honorer leurs cotisations annuelles fixées à 1200 F CFA. En 2014-2015, elles se sont acquittées intégralement de leurs cotisations passées à 2000 FCFA.

Cet appui de la Coopération suisse a fortement impacté la vie de ces femmes de même que celle de leur entourage. Aux dires des bénéficiaires, c’est une expérience édifiante qui restera gravée dans leur mémoire. Aujourd’hui, leur souhait est de trouver des clients qui viennent s’approvisionner au niveau de leur unité de production pour permettra au groupement de vendre à un bon prix.