Madame la Présidente du Conseil d’Etat du canton de Genève,
Madame la Maire de Genève,
Madame la Directrice générale de l’ONU Genève,
Dear Members of the United Nations Security Council visiting Geneva;
Mesdames et Messieurs les représentants du monde politique, diplomatique et académique,
Chers invités en vos titres et fonctions,
Nous sommes réunis aujourd'hui sur la Place des Nations pour marquer les 75 ans des Conventions de Genève.
Ce lieu symbolique n’a pas été choisi par hasard :
- Au bout de l’allée qui s’étend derrière nous, le Palais des Nations – siège des Nations Unies – nous rappelle notre essence de communauté internationale : une communauté engagée à maintenir la paix ;
- À côté de nous, cette Broken Chair – debout malgré son pied brisé – nous rappelle notre responsabilité de protéger les plus vulnérables des horreurs de la guerre. Cette tâche est tout aussi monumentale que cette œuvre de l’artiste suisse Daniel Berset (présent parmi nous) pour l’association Handicap International en 1997.
Cette Broken Chair est faite en bois de Douglas, une essence qui durcit en vieillissant, la rendant très résistante aux agressions extérieures – un symbole puissant.
Mesdames et Messieurs,
Cette double essence d’universalité et de résistance est également celle des Conventions de Genève, ces piliers du droit international humanitaire, universellement adoptés en réaction à la barbarie de la Seconde Guerre mondiale.
Portés par la vision du genevois Henry Dunant, ce jubilé des quatre Conventions de Genève de 1949 – tout comme les 160 ans de la première Convention de 1864 – nous montre nous rappelle ce que nous avons été capables d’accomplir pour fixer des limites à la guerre. Pour remplir notre devoir d’humanité.
Cependant l’histoire récente nous démontre que rien n’est jamais acquis, ni les droits fondamentaux, ni la paix.
« Notre vœu le plus ardent serait que ces quatre Conventions n’eussent jamais l’occasion d’être appliquées » – avait prononcé mon prédécesseur le Conseiller fédéral Max Petitpierre lors de leur adoption. Malheureusement, son souhait n’a toujours pas été exaucé. Au contraire !
75 ans après leur adoption, les Conventions sont d’une triste actualité : je pense à l’Ukraine, au Soudan, au Yémen ou au Proche-Orient, pour ne citer que quelques-uns des conflits actuels, que ni le multilatéralisme, ni le droit international n’ont été capables d’éviter. Encore moins de résoudre.
Et pourtant : en 75 ans, ces textes fondamentaux ont sauvé des millions de vies.
Elles ont réuni des milliers de membres de familles dispersées et ont réconforté tout autant de prisonniers de guerre. Un succès face au pire, notamment grâce au travail sans faille des organisations humanitaires, en particulier du CICR.
Ne pouvant célébrer cet anniversaire le cœur léger, celui-ci doit nous inciter – dans nos rôles et fonctions – à agir sur deux fronts :
- Continuer à œuvrer pour la paix, la sécurité et le règlement pacifique des différends, conformément à la Charte des Nations Unies ;
- S’engager à faire respecter et appliquer les Conventions de Genève en temps de guerre. Un monde sans Conventions de Genève est inimaginable, et la Suisse poursuivra son engagement sans relâche tant que le vœu de Max Petitpierre restera pieux, tant que le droit de la force primera sur la force du droit !
Ladies and Gentlemen,
Your presence honours this moment and underscores the importance we all place on respecting international humanitarian law. This year, the 75th anniversary of the Geneva Conventions and the 34th International Conference of the Red Cross and Red Crescent provide a unique opportunity for us to renew our commitment to peace and humanity.
On this occasion, Switzerland is determined to elevate respect for the Geneva Conventions as a political priority.
My country calls on all states to use their influence to prevent and stop violations of the Geneva Conventions. We must draw inspiration from the spirit of cooperation between nations that prevailed in 1949!
As an action is worth a thousand words, in a few moments, I will invite our guests to join me on stage to set these chairs back on their feet. Stable and firmly anchored to the ground, this is the place that must be reserved — again and again, everywhere in the world — for the respect of international humanitarian law.
Mesdames et Messieurs,
Ces chaises ont été conçues par mon département, le DFAE. Comme leur « grande sœur », leurs quatre pieds symbolisent les quatre Conventions de Genève, qui interpellent nos rôles et nos fonctions.
La responsabilité que les Conventions de Genève nous imposent ne peut être déléguée : elle incombe à chacun de nous, quelle que soit notre fonction.
Nous ne pouvons pas attendre que d'autres agissent : le devoir est le nôtre, ici et maintenant.
En les redressant, nous réaffirmons la nécessité de respecter les Conventions de Genève et d’en faire une priorité politique.