Monsieur le Syndic,
Madame la Présidente de l’AIMF,
Monsieur le Secrétaire permanent de l’AIMF,
Monsieur le Président du CIO,
Mesdames, Messieurs les Maires,
Chers invités,
En tant que Ministre des affaires étrangères, il n’est pas rare que je m’adresse à un public issu des 5 continents.
Ce qui est exceptionnel, en revanche, c’est que nous partagions la même langue !
Je suis heureux d’être avec vous ici à Lausanne, car c’est dans cette magnifique ville que j’ai perfectionné mon français après mes études. Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir parler cette langue au quotidien, tant dans mon pays que dans le contexte international.
Mesdames et Messieurs,
« Réunir les destins, respecter les diversités » : La devise de votre association pourrait très bien être celle de la Suisse !
Réunir tout le monde en respectant chacun :
Je peux vous dire – en tant que représentant moi-même d’une minorité culturelle – que la solution idéale pour une bonne gouvernance politique n’est pas facile à trouver.
Je salue le travail de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) qui valorise le rôle international des villes francophones, et qui rassemble deux notions essentielles dans cette quête : l’organisation politique et le langage.
Autrement dit : La commune et la langue « commune » !
Premièrement :
1. La commune en tant qu’organisation politique
La Suisse est reconnue pour son système fédéral à trois niveaux qui octroie une grande autonomie aux communes et aux cantons, qui forment le cœur de notre système politique.
La Confédération est subsidiaire : c’est-à-dire qu’elle n’a que les compétences que les entités locales lui cèdent au travers de la Constitution.
Une sorte de liste positive.
Ou alors – dit autrement – toutes les compétences sont celles des Cantons (et des Communes), sauf celles qui sont explicitement inscrites dans la Constitution.
Plus ou moins le contraire d’un Etat national comme p. ex. la France.
Avec la démocratie directe, le fédéralisme est un pilier de l’Etat suisse.
Ensemble, ces deux piliers garantissent la diversité dans l’unité et rapprochent les citoyens des autorités, dans une tradition typiquement helvétique !
Mesdames et Messieurs,
Si les premières alliances villageoises en Suisse remontent au haut Moyen-Âge, la commune politique en Suisse est un produit des Lumières.
Dans son Contrat social, Jean-Jacques Rousseau nous en offre un bel éclairage :
« Le peuple doit se réunir en une communauté fondée sur le consentement et dont l'objectif ultime est le bien commun. »
A partir de 1830, les communes suisses s’imposent dans la législation de plusieurs Etats cantonaux.
Et aujourd’hui me direz-vous ?
Est-ce que ce système politique basé sur l’autonomie locale n’est pas dépassé par les défis devenus globaux ?
Non ! Pas du tout.
C’est précisément quand les défis sont globaux que l’action doit être enracinée localement : think globally, act locally – comme on dit… en bon français !
Les personnes proches, que nous connaissons, inspirent la confiance des citoyens pour les politiques de proximité comme la santé, la formation, la sécurité interne et la fiscalité.
Voilà pourquoi les syndics – les maires – sont toujours et encore les politiciens les plus aimés des citoyens !
Mesdames et Messieurs les Maires et Syndics,
Votre rôle est central, quelle que soit la structure institutionnelle de votre Pays.
Vous connaissez vos citoyens et leurs besoins, vous parlez leur langue.
Cela m’amène à mon second point – la seconde force de votre association :
2. La langue commune au service de la communauté francophone
Nous sommes issus de 5 continents et pourtant nous nous comprenons !
Bien-sûr, à la base notre langue maternelle n’est pas forcément le français – entretemps vous aurez remarqué mon léger accent :)
Selon l’anthropologue français Claude Levi-Strauss : la langue que nous parlons influence la façon dont nous percevons et comprenons le monde autour de nous.
La langue que nous avons choisi de partager est quelque chose de plus grand qu’un outil de communication : c’est un état d’esprit.
Nous partageons véritablement toute une infrastructure intellectuelle.
Le français est notre véhicule commun, l’instrument que nous avons choisi pour négocier et travailler ensemble, pour soigner nos relations.
Mesdames et Messieurs,
Les questions linguistiques et des minorités jouent souvent un rôle clé dans l'éclatement des conflits. Se rassembler autour d'une langue est aussi un moyen de promouvoir la paix.
L’année dernière, Kiev est devenue membre de l’AIMF : un symbole fort qui place notre solidarité à l’épreuve de la réalité de la guerre en Ukraine.
Comme vous le savez peut-être, la Suisse organise le mois prochain la première Conférence de haut niveau sur la Paix en Ukraine.
Je compte sur la solidarité francophone pour avoir la participation la plus large possible à cette conférence qui, justement, veut promouvoir le dialogue ; et permettre de réaliser une première étape sur un chemin de paix reconnu, qui nécessite une participation active de tous les pays du monde.
Mesdames et Messieurs,
C’est une joie de partager cette soirée et ce repas avec vous toutes et tous, de vivre ensemble la Francophonie : Que cela puisse être également un pas vers le dialogue et la paix.