La guerre en Ukraine et ses conséquences en matière de sécurité en Europe ont été au cœur de cette réunion informelle organisée à l'initiative de la République tchèque, qui a succédé début juillet à la France à la tête du Conseil de l'UE. Les ministres de l'intérieur ont discuté dans ce contexte de la lutte contre le trafic d'armes et d'explosifs et contre la traite d'êtres humains, ainsi que de la poursuite des crimes de guerre. La conseillère fédérale s'est déclarée convaincue de l'importance d'une coopération étroite, par exemple au sein d'Europol, pour relever ces défis et soutenir l'Ukraine et la Moldavie.
Madame Keller-Sutter a en outre souligné qu'il était impératif de ne pas relâcher, particulièrement en ce moment, le contrôle strict des frontières extérieures de l'UE afin d'empêcher des criminels et des terroristes potentiels d'exploiter les mouvements de fuite de l'Ukraine.
La cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) a par ailleurs insisté sur la nécessité de commencer à réfléchir dès à présent à la question du retour des réfugiés ukrainiens. "Même si la levée de la protection temporaire nous semble encore lointaine, il faut déjà s'y préparer", a-t-elle affirmé.
Protection des frontières extérieures et coopération policière renforcées
En ce qui concerne la réforme de la politique européenne en matière d'asile et de migrations, Madame Keller-Sutter s'est réjouie de la volonté du président tchèque du Conseil de poursuivre l'approche graduelle adoptée par la présidence française durant la première moitié de 2022. Il s'agit avant tout de renforcer la protection des frontières extérieures afin d'améliorer le contrôle des flux migratoires dans l'espace Schengen. Le Conseil de l'UE a décidé à cet effet une refonte du règlement Eurodac et l'instauration du filtrage aux frontières extérieures. La Suisse estime que ces deux réformes contribueront grandement à la protection des frontières extérieures de l'UE et, partant, à la sécurité dans cet espace de liberté de mouvement qu'est l'espace Schengen.
Le projet d'introduction de nouvelles banques de données et, surtout, de mise en réseau des banques de données européennes du domaine de la sécurité - frontières, police et migrations - n'est pas encore concrétisé. Le but est de permettre l'interopérabilité des systèmes, de manière à obtenir les informations disponibles dans les diverses banques de données avec une seule requête. L'introduction de l'interopérabilité a déjà dû être reportée. La conseillère fédérale plaide pour la définition d'un nouveau calendrier réaliste afin que les États membres puissent planifier la mise en œuvre de manière fiable.
Retour des Ukrainiens au pays
Madame Keller-Sutter a mis à profit sa visite à Prague pour plusieurs rencontres bilatérales. Elle a notamment discuté avec la commissaire européenne Ylva Johansson de la nécessité de préparer dès maintenant le retour au pays des Ukrainiens qui ont fui la guerre. Sur le même sujet, son homologue ukrainien Denys Monastyrsky, invité à la rencontre ministérielle, a insisté sur la nécessité du retour des réfugiés pour permettre la reconstruction de l'Ukraine. La condition de ce retour est néanmoins que la sécurité de la population soit à nouveau garantie en Ukraine. Avec le ministre autrichien de l'intérieur, Gerhard Karner, la conseillère fédérale a pu échanger sur les défis auxquels les deux pays sont confrontés en raison de la pression migratoire sur la route des Balkans.
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