La région bulgare de Severozapaden est la plus pauvre de l’UE. Un grand nombre de ses habitants n’a aucun revenu régulier ni garanti, malgré la proximité de la capitale Sofia. Il leur faut donc souvent quitter leur lieu d’origine pour aller chercher du travail en ville ou dans les autres pays d’Europe. Or une grande partie de la région se situe en zone protégée Natura 2000. Ce label est décerné aux régions de l’UE qui abritent une biodiversité importante et doivent de ce fait être particulièrement protégées. La Suisse a soutenu dans cette région et dans les Balkans centraux un projet innovant qui conjugue habilement développement régional et protection de la nature. Les diverses approches utilisées pour ce projet d’envergure ont démontré que la synthèse des deux enjeux profiterait à tous, qu’il s'agisse des entreprises locales, de la population ou de l’environnement. Trois de ces approches sont présentées ci-dessous.
Le projet a fait appel à un grand nombre d’acteurs: les entreprises locales (agriculture et tourisme) ainsi que le gouvernement national ont participé à la mise en œuvre du projet, aux côtés des ONG bulgares et suisses.
Bénéfices d’une production durable
Dans le cadre du projet «Linking Nature Protection and Sustainable Rural Development», les ONG bulgares ont expliqué à la population que si la fabrication de produits régionaux permet de générer un revenu, elle implique aussi une gestion durable des ressources naturelles.
Une bonne trentaine d’exploitations agricoles ont obtenu un soutien et sont aujourd’hui en mesure de produire et de commercialiser directement sur place des produits laitiers comme le yogourt ou le fromage. La production de miel et la vente d'œufs a également été développée. Le projet a permis d’adapter la législation dans ce sens: la concertation avec les autorités bulgares a abouti à l’adoption d’une base légale autorisant la vente directe de produits agricoles à la ferme. Pour obtenir l’autorisation de vente directe, les exploitations agricoles doivent avoir un équipement (p. ex. système de réfrigération ou matériel de laiterie) conforme aux normes nationales. Or, elles ne possédaient pas les moyens financiers nécessaires pour ce faire. Le projet a donc aidé les exploitations particulièrement respectueuses de la biodiversité à acquérir l’infrastructure nécessaire pour pouvoir commercialiser leurs produits sur place.
Les produits locaux durables suscitent une forte demande dans la capitale bulgare. Un marché paysan hebdomadaire a donc été mis en place dans le cadre du projet. Son succès prouve que les denrées alimentaires produites sur place sont très demandées. La vente directe permet aux agriculteurs de tripler leurs revenus.
Theodor, un jeune apiculteur, peut le confirmer: Sa production de miel suffit à peine à répondre à la demande et la vente directe lui permet de bien vivre. Dans le cadre du projet, il a pu obtenir de l’aide pour monter une stratégie marketing et acheter du matériel de qualité pour sa production de miel.
Développement d’une zone récréative à proximité des agglomérations
La proximité immédiate de la capitale renforce le potentiel touristique de cette région située dans le nord-ouest de la Bulgarie. Les collines verdoyantes et le panorama montagneux à l’arrière-plan en font une destination idéale pour les sorties du week-end, les randonnées et le cyclisme. Les citadins sont de plus en plus nombreux à venir s’y ressourcer. Pour répondre aux attentes des touristes, Maya vend des confitures maison dans sa boutique. Elle ramasse elle-même les fruits sauvages dans les montagnes – à l’écart des routes et de la pollution. Grâce au soutien de la Suisse, son magasin pourra bientôt proposer d'autres articles, en plus des produits régionaux: il est prévu d’installer un atelier pour expliquer le tissage traditionnel des tapis Kilim et un fournil pour cuire du pain selon une recette locale.
Maya a reçu une aide tant financière que technique pour lancer sa petite exploitation, ce qui lui a permis d’obtenir les autorisations nécessaires à l’ouverture d’un magasin, d’élaborer un plan commercial et de commercialiser ses produits de manière ciblée. En soutenant des petites entreprises comme celle de Maya, qui proposent des produits locaux et durables, le projet démontre qu’il est possible de gagner de l’argent en protégeant la nature.
Promotion innovante de la protection de l’environnement et de la préservation des paysages
Pour encourager le tourisme durable et la préservation des paysages, un système ingénieux de financement a été mis en place, baptisé «Private Payment for Ecosystem Services» (paiements pour préservation des systèmes écosystémiques - PPSE) Les responsables du projet ont cherché dans certaines régions des entreprises disposées à alimenter un fonds spécial. Ce fonds a permis de financer des projets qui favorisent le tourisme vert et d’autres initiatives destinées à préserver la biodiversité dans la région, comme l’aménagement de sentiers de randonnée pour les touristes sportifs ainsi que des aires de repos et de pique-nique, mais aussi la réhabilitation de sites naturels protégés. Ce fonds est dirigé par une ONG locale, dont la tâche consiste aussi à rendre la région plus attrayante. C'est du reste la principale raison pour laquelle les entreprises ont financé le fonds: des entreprises telles que les petits hôtels ou le magasin de Maya, qui propose des produits locaux bio et des ateliers traditionnels à l’intention des touristes, profitent de l’attrait croissant que la région exerce auprès des écotouristes, puisque l’augmentation du nombre de visiteurs leur permettent de développer leur chiffre d’affaires.