Flore

Si l’edelweiss et la gentiane sont les fleurs alpines les plus célèbres, il existe de nombreuses autres espèces tout aussi bien adaptées à cet environnement plutôt hostile.

Leurs couleurs éclatantes, qui donnent aux pâturages alpins l’apparence de véritables patchworks, ne sont pas uniquement là pour le plaisir de nos yeux: en effet, ces couleurs sont d’une importance vitale pour le bien-être et la reproduction de ces fleurs. D’une part, les pigments qu’elles contiennent protègent les plantes des rayons ultraviolets, particulièrement intenses en altitude; d’autre part, leur effet tape-à-l’oeil alléchant est un moyen efficace pour attirer un maximum d’abeilles et autres bourdons pendant les quelques semaines de beau temps printanier. Sans l’intervention de ces insectes pollinisateurs, les fleurs seraient incapables de se reproduire.

Les plantes qui partagent leur habitat avec les mammifères herbivores sont confrontées à des problèmes supplémentaires. Il s’agit de pouvoir se reproduire, c’est-à-dire produire des semences, avant d’être mangées. Là encore, l’évolution a doté certaines espèces de moyens de protection efficaces: des feuilles épaisses ou épineuses, peu appréciées par les fins palais des ruminants alpins, assureront à la plante une durée de vie plus longue et donc de meilleures chances de reproduction.

Pour échapper à l’estomac des herbivores autant qu’à leur piétinement, certaines plantes délicates comme les orchidées ont établi domicile dans des zones rocailleuses ou des falaises, se mettant ainsi hors d’accès des sabots tueurs. D’autres espèces végétales ont développé de solides racines qui leur permettent de survivre aux assauts des animaux affamés.
Lorsque les glaciers fondent, il laissent derrière eux des sols pierreux et instables, dépourvus de substances nutritives. Pourtant, en l’espace de quelques années, des plantes parviennent à coloniser ces terrains particulièrement peu amènes. Les premières à s’y aventurer sont les mousses, qui produisent une fine couche d’humus en se décomposant. Elles ouvrent ainsi la voie aux saxifrages et aux linaires qui peuvent y prendre racine. Le gros problème pour ces pionnières n’est pas tellement le manque de substances nutritives mais plutôt les fréquents mouvements de terrain. Pour s’en protéger, même les plus petites plantes s’arriment à l’aide de racines qui peuvent atteindre un mètre de profondeur. Grâce à ce réseau souterrain, la plante peut développer de nouvelles pousses en cas d’éboulement de rochers.

Les zones glaciaires sont aussi l’habitat de l’un des plus petits arbres au monde, le saule herbacé. Il maintient son tronc enterré dans le sol et ne laisse à la surface que quelques branches. Ce mode de vie étrange lui procure non seulement de la chaleur supplémentaire, mais il l’abrite aussi des rafales de vent.

Les végétaux des falaises et surfaces rocailleuses ont mis au point plusieurs stratégies pour pallier au manque chronique d’eau. En effet, le sol extrêmement pauvre est incapable de retenir l’eau des pluies et le soleil a vite fait de supprimer toute résidu d’humidité des contreforts exposés. Certaines plantes possèdent un duvet de poils qui dévie les rayons solaires et forme une couche de protection capable de retenir l’humidité. D’autres sont enduites d’un revêtement gras qui procure les mêmes services. Les plantes succulentes stockent l’eau dans leurs feuilles épaisses et beaucoup d’entre elles sont structurées en forme de rosettes, de telle manière que chaque feuille est en même temps une ombrelle pour celle qui est en dessous.

D’autres espèces encore luttent contre la sécheresse en ne dépassant pas quelques centimètres de hauteur, ce qui leur permet d’être à l’abri des vents secs. Et bien évidemment, beaucoup de plantes combinent plusieurs de ces stratégies de survie, pour le plus grand plaisir de nos yeux.

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