Comment un pont peut changer la vie

Le 10’000e pont suspendu construit au Népal avec la participation de la Suisse s’appelle «Marin-Khola». Longue de 283 mètres de long, cette passerelle a changé la vie des habitants de chaque côté de la rivière Marin. Voici leur histoire.

Représentants de l'ambassade de Suisse et du gouvernement népalais lors de l'inauguration du pont Marin-Khola le 9 novembre 2023.

Le 10 000e pont : Des représentants de l'ambassade de Suisse et du gouvernement népalais lors de l'inauguration du pont Marin-Khola le 9 novembre 2023 dans la province de Bagmati. © DDC

Une élève népalaise se tient sur le pont suspendu.
«Depuis qu'il y a le pont suspendu, je peux traverser la rivière en toute sécurité.» Dev Kumari Ale Magar © DDC

«Avant la construction du pont, les enfants risquaient leur vie pour aller à l’école»

Je m’appelle Dev Kumari Ale Magar et je suis en 12e année au lycée. Avant la construction du pont, on allait à l’école la boule au ventre, parfois au péril de sa vie. Pendant la mousson surtout, lorsque les eaux de la rivière montent, il est impossible de passer à pied. J’étais obligé de faire un détour de 4 heures pour aller de mon village à l’école. À cette époque, je manquais souvent les cours. Certains de mes camarades, des garçons surtout, ont pris des risques parfois mortels. Grâce à la construction du pont suspendu, je peux maintenant traverser la rivière en toute confiance.

Un commerçant est assis devant son magasin.
«Avec la construction du pont, ma vie a radicalement changé.» Chhabi Lal Darlami, propriétaire d'un magasin © DDC

«Le pont m’a permis d’augmenter mes revenus»

Namaste, je m’appelle Chhabi Lal Darlami. Le pont suspendu a eu des retombées très positives sur mon activité et ma qualité de vie. Avant sa construction, il était très difficile de passer d’une rive à l’autre de la rivière. J’avais donc beaucoup de mal à assurer ma subsistance, parce que je n’arrivais pas à approvisionner mon magasin en temps voulu et en toute sécurité. Comme il n’y avait pas de voies de passage sûres, il était presque impossible de conserver un stock régulier de fournitures dans mon magasin, ce qui affectait à la fois mes revenus et la disponibilité des produits essentiels pour la communauté. La construction du pont a complètement changé ma vie. J’ai pu augmenter mes revenus et renforcer la résilience de mon entreprise. Mon magasin est ainsi resté une ressource vitale pour mon village et ma communauté. 

Un Népalais est assis derrière son bureau.
«Quand il n'y avait pas encore de pont, les gens étaient confrontés à de nombreux obstacles.» Kamal Kumar Rai, président de la municipalité rurale de Hariharpur Gadi © DDC

«Globalement, la qualité de vie des habitants du village s’est beaucoup améliorée»

Namaste! En tant que président élu du district, je suis fier d’avoir participé à la construction du pont suspendu. Auparavant, de nombreux obstacles entravaient l’accès aux services essentiels, à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques. Pour rejoindre Bhalumara, où sont situées les infrastructures-clés, les villageois avaient le choix entre faire un détour de 4 heures pour trouver un pont, qui leur permettrait de se rendre de l’autre côté sans danger, et traverser la rivière à la nage ou à pied. Il y a trois ans, deux personnes ont perdu la vie en tentant de sauver une fillette et sa mère qui essayaient de traverser la rivière. Nos citoyens n’étaient pas en sécurité.

La construction de ce pont a donc constitué une étape importante. Les enfants fréquentent désormais l’école sans craindre de manquer les cours, les commerçants mènent plus efficacement leurs affaires, les malades accèdent plus facilement et sans délai aux services de santé et globalement, la qualité de vie des villageois s’est considérablement améliorée. Bien plus qu’un pont, cette passerelle est un témoignage de l’unité de notre communauté et du progrès qui ont été réalisés. 

Un homme est assis à son bureau
«Grâce au pont, les patients peuvent recevoir des soins médicaux à temps.» Vivek Kumar Yadav, soignant © DDC

«Cette passerelle est absolument vitale et offre un espoir pour la prise en charge sanitaire des villageois»

Je suis médecin dans ce dispensaire. Des habitants du village de Chayachuti, de l’autre côté de la rivière, m’ont raconté qu’avant la construction du pont, des patients avaient perdu la vie en traversant la rivière au retour du dispensaire dans lequel ils venaient de se faire soigner.

Ce pont a vraiment changé les choses, en particulier pour la vaccination des enfants et les visites à domicile des patients ne pouvant pas se rendre au dispensaire. Son impact a été remarquable: les villageois sont plus nombreux à avoir désormais accès aux services de vaccination et l’état de santé général de la communauté s’est amélioré. En tant que professionnel de santé, j’estime que cette passerelle est absolument vitale et offre un espoir pour la prise en charge sanitaire des villageois. Grâce au nouveau pont, mon travail a gagné en efficacité, et je suis en mesure de fournir rapidement des soins de santé aux personnes qui en ont besoin. 

Un homme est debout devant le pont suspendu.
«Le pont suspendu a révolutionné ma vie de paysan et m'a permis d'être plus productif.» Rudra Bahadur Sarki, paysan © DDC

«J’ai perdu une de mes chèvres»

J’ai une ferme et des parents qui vivent de l’autre côté de la rivière, dans le village de Chayachuti. Avant la construction de ce pont, gérer ma ferme et mon bétail n’était pas une mince affaire. Je me souviens qu’une fois, pendant la mousson, la rivière est soudain entrée en crue comme je revenais de la forêt du village après y avoir fait paître mes chèvres. J’ai essayé d’empêcher mon troupeau de traverser la rivière, mais j’ai perdu une de mes chèvres. Je me souviens qu’à peu près six personnes sont mortes en essayant de traverser cette rivière. La construction du pont a tout changé. Désormais, je peux transporter en toute sécurité mon bétail et mon matériel jusqu’à la ferme, et récolter du fourrage sans craindre en permanence d’être emporté par la rivière. Le pont suspendu a tout simplement révolutionné ma vie d’agriculteur et m’a permis d’être plus productif. Je peux obtenir facilement des engrais et des semences pour ma ferme, ce qui a contribué à rendre mon exploitation plus durable et à assurer des moyens de subsistance de ma famille. Pour notre communauté agricole, cette passerelle est synonyme de progrès, d’accessibilité et de croissance socio-économique.  

Une femme regarde la caméra, avec le pont suspendu en arrière-plan.
«Ce pont suspendu a changé la vie des gens dans les villages d'ici et de l'autre côté du fleuve.» Jenisthani Magar, paysanne © DDC

«Maintenant, je peux facilement transporter mes légumes frais jusqu’au marché»

Je vis dans le village de Hakpara. J’ai des fermes dans le village de Chayachuti, de l’autre côté de la rivière, et ici, à Hakpara. Avant la construction de ce pont, je traversais la rivière à pied pour aller d’une ferme à l’autre; et mes vêtements étaient souvent trempés de boue. La construction du pont a tout changé. Je peux désormais me rendre facilement à la ferme, sans craindre d’être trempé ou emporté par les flots. La passerelle m’a facilité la vie, car elle me permet de gagner du temps que je peux consacrer à mes fermes. Mon travail est désormais plus productif, car je peux facilement transporter mes produits, comme les céréales et les légumes frais, jusqu’au marché et gagner plus d’argent. La passerelle a transformé la vie des villageois de deux côtés de la rivière. 

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