Bilan d’une année de politique extérieure fructueuse

Le Conseil fédéral publie traditionnellement en début d’année un rapport sur la politique extérieure, qui récapitule et évalue les principaux événements de politique étrangère de l’année écoulée. L’année 2019 a été marquée par le durcissement de mouvements polarisés comme le «Vendredi pour l’avenir» ou les manifestations de masse à Hong Kong et par une intensification de la concurrence entre les grands acteurs mondiaux, dont les États-Unis, la Chine et la Russie. Comment la Suisse a-t-elle pu s’affirmer dans ce contexte?

Le président du Mozambique, Felipe Nyusi, et le chef de l’ancien parti d’opposition Renamo, Ossufo Momade, se congratulent lors de la cérémonie de signature de l’accord de paix mettant fin à des décennies de violence.

Bons offices: l’ambassadeur suisse au premier rang lors de la cérémonie de l’accord de paix au Mozambique. Il a assuré avec succès la médiation entre les parties. © DFAE

Le Conseil fédéral tire un bilan positif de cet engagement. La Suisse a entretenu des contacts directs au plus haut niveau politique avec de nombreux États, a été très sollicitée pour ses bons offices, a donné des impulsions importantes à la diplomatie scientifique et à la Genève internationale, et a multiplié les passerelles entre la politique extérieure et la politique intérieure. Le rapport montre comment le Conseil fédéral est parvenu à ancrer encore davantage sa politique étrangère dans la politique intérieure. Outre ses efforts pour associer le Parlement, les cantons et d’autres acteurs suisses à ses travaux, le DFAE a organisé des tables rondes publiques dans seize cantons avec la participation d’ambassadrices et d’ambassadeurs de Suisse (projet «Meet the Ambassadors»), dans le dessein d’encourager la discussion et de mener une politique étrangère de proximité.

Dans l’ensemble, la Suisse a obtenu de bons résultats dans l’application de sa stratégie de politique étrangère 2016-2019.
Conseil fédéral / Rapport sur la politique extérieure 2019

Quatre axes stratégiques en 2019

L’année 2019 a été intense pour le DFAE. Au programme figuraient notamment les relations de la Suisse avec l’UE, le renforcement du rôle de la Suisse sur la scène internationale, la forte demande d’expertise suisse dans le domaine de la paix et de la sécurité ainsi que la contribution de la Suisse à la prospérité et au développement durable.

Relations avec l’Union européenne

es drapeaux de la Suisse et de l’UE posés sur une table blanche.
En 2019, un premier projet d’accord institutionnel entre la Suisse et l’UE a été discuté avec les acteurs les plus directement concernés. Le résultat d’ensemble est positif, mais nécessite encore des éclaircissements. © Keystone

L’Europe joue un rôle essentiel pour la prospérité de la Suisse, et ce à plus d’un titre. L’UE est, de loin, le principal partenaire économique de la Suisse. C’est pourquoi le Conseil fédéral attache une grande importance au développement de relations stables et étroites avec l’UE, celles-ci pouvant également être élargies. En 2019, le Conseil fédéral a mené des consultations sur le projet d’accord institutionnel avec les acteurs les plus directement concernés. Il a jugé le résultat de ces discussions globalement positif. Dans la perspective de la signature de l’accord institutionnel, il a toutefois demandé des éclaircissements sur trois points:

  • Protection des salaires
  • Aides d’État
  • Directive relative au droit des citoyens de l’Union

Sur ces trois aspects, le Conseil fédéral élabore actuellement, en collaboration avec les cantons et les partenaires sociaux, des propositions de solutions bénéficiant d’un large consensus intérieur qui serviront de base aux discussions ultérieures avec l’UE.

Relations internationales

Poignée de main à Bellinzone entre le conseiller fédéral Ignazio Cassis et le secrétaire d’État américain Mike Pompeo.
La Suisse a pour objectif d’approfondir ses bonnes relations avec les grands acteurs mondiaux – par exemple avec les États-Unis lors de la rencontre entre Ignazio Cassis et Mike Pompeo en été 2019. © Keystone

En tant que pays neutre et indépendant, la Suisse entretient de bonnes relations avec l’ensemble des États – qu’il s’agisse de petits États ou d’acteurs influents sur la scène internationale. La Suisse se donne pour objectif d’approfondir ses bonnes relations, de défendre ses intérêts et d’aborder et de résoudre des problèmes concrets avec ses partenaires mondiaux.

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Elle s’y est également employée en 2019 lors de nombreuses réunions avec des représentants d’autres pays. Les contacts ont notamment été intensifiés avec l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Russie et la Turquie. Il est essentiel pour la Suisse d’entretenir de bonnes relations avec ces huit pays qui ont une grande influence sur les développements régionaux et internationaux. Ainsi, en 2019, la Suisse a reçu le président de l’Inde, alors que le président de la Confédération en exercice Ueli Maurer a rencontré le président américain Donald Trump pour un entretien et a été reçu au Kremlin par le président russe Vladimir Poutine. Pour sa part, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a notamment rencontré le secrétaire d’État américain Mike Pompeo à Bellinzone.

Les thèmes des droits de l’homme et de l’état de droit sont au cœur de la politique étrangère de la Suisse, qui a adopté une position claire vis-à-vis de la Chine, de la Russie et de la Turquie lors de ses entretiens bilatéraux.

Paix, sécurité et rayonnement de la Genève internationale

La sphère armillaire devant le Palais des Nations, siège de l’ONU à Genève.
Genève joue un rôle clé dans la politique extérieure de la Suisse. En 2019, la Suisse a pu consolider son rôle d’État hôte et, partant, renforcer son réseau international. © Keystone

Grâce à sa neutralité et à son impartialité, la Suisse jouit, dans le monde entier, d’une excellente réputation pour ses qualités de médiatrice. Chaque année, elle accompagne en moyenne 17 processus de paix. Elle a notamment joué un rôle majeur dans le processus de paix au Mozambique, qui a débouché sur la conclusion d’un accord de paix durant l’été 2019.

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«L’accord de paix est un fondement essentiel de la stabilité du pays et, par conséquent, de cette vaste région d’Afrique» a déclaré le conseiller fédéral Ignazio Cassis le 7 août 2019 à l’occasion de la cérémonie de signature de l’accord de paix à Maputo. «Une fois encore, la Suisse a apporté une contribution précieuse grâce à ses bons offices et à sa neutralité – mais aussi, et surtout, grâce à la qualité de son personnel diplomatique», a précisé le chef du DFAE.

Genève est un centre de compétence mondial pour la paix et la sécurité. Siège de nombreuses organisations internationales et d’ONG, la Cité de Calvin accueille de nombreux pourparlers de paix. En 2019, la Suisse a pu consolider son rôle d’État hôte et, partant, renforcer son réseau international. Cette mise en réseau permet également de développer de nouvelles formes de coopération. La fondation «Geneva Science and Diplomacy Anticipator», qui cherche des solutions aux défis numériques et technologiques du XXIe siècle, en est un bon exemple. Le Conseil fédéral a créé cette fondation en février 2019, conjointement avec la ville et le canton de Genève.

L’année 2019 a également été marquée par les célébrations du centenaire du multilatéralisme: 100 ans après la création de la Société des Nations à Genève, les défis et le potentiel de la coopération multilatérale ont fait l’objet de nombreux débats, notamment concernant la gestion des nouvelles technologies.

Développement durable et prospérité

Dans une salle de classe, des élèves africains brandissent l’ardoise sur laquelle ils ont fait des calculs.
La Suisse œuvre pour un monde sans pauvreté et pour un développement durable. C’est dans cette perspective qu’elle soutient, par exemple, la construction d’écoles au Bénin. © Helvetas

Guidée par l’Agenda 2030 de l’ONU, la Suisse se mobilise avec détermination pour un monde sans pauvreté et pour un développement durable. L’examen réalisé en avril 2019 par le Comité d’aide au développement de l’OCDE conclut que la Suisse est un partenaire de développement fort et fiable. Le multilatéralisme est l’un des principaux instruments auxquels la Suisse recourt pour contribuer à résoudre les défis mondiaux.

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Afin de donner encore davantage de poids aux objectifs de l’ONU en matière de développement durable, le Conseil fédéral a créé en 2019 un comité directeur composé de deux délégués, qu’il a chargé de piloter et de coordonner les efforts déployés par la Suisse pour mettre en œuvre l’Agenda 2030 en Suisse et l’étranger.

Pour la première fois de l’histoire, la coopération internationale de la Suisse (CI) 2021-2024 a fait l’objet d’une consultation publique, qui s’est déroulée de mai à août 2019. Les 249 avis recueillis ont donné lieu à une discussion fructueuse sur l’avenir de l’aide humanitaire, de la coopération au développement et de la promotion de la paix et de la sécurité humaine. Le Conseil fédéral entend décider début 2020 de la stratégie de la CI et soumettre le message ad hoc au Parlement.

En 2019, la coopération suisse au développement s’est notamment mobilisée fortement dans les domaines de l’éducation, du changement climatique et de l’égalité des chances. En raison des crises, des catastrophes et des conflits, environ 166 millions de personnes ont été tributaires d’une aide humanitaire en 2019. En 2019, l’engagement en faveur des victimes de la crise syrienne est resté la plus vaste opération humanitaire menée par la Suisse, laquelle a dépensé 61 millions de francs dans les domaines de la protection, de l’éducation, de l’eau et de la prévention des conflits.

La boussole de la politique étrangère

La Suisse entretient des liens très étroits avec le reste du monde, et ce à tous les niveaux. C’est pourquoi les conflits armés, les sanctions économiques ou le changement climatique, par exemple, ont des répercussions significatives sur la prospérité et la sécurité de notre pays. La Suisse est mieux à même de défendre ses intérêts et de partager ses valeurs si elle s’implique activement dans les affaires mondiales. Elle doit par conséquent se doter d’une stratégie afin de maximiser l’impact de sa politique extérieure. Aussi le Conseil fédéral a-t-il adopté la stratégie de politique extérieure 2020-2023, qui met l’accent sur la paix et la sécurité, la prospérité, la durabilité et la digitalisation. Elle servira de boussole à la politique extérieure de la Suisse pour les quatre prochaines années. La «Vision de la politique étrangère de la Suisse à l’horizon 2028», élaborée par un groupe d’experts mandaté par le DFAE, peut elle aussi donner de nouvelles impulsions à la politique étrangère de la Suisse. Les experts se sont attachés à identifier les tendances qui pourraient s’affirmer à l’avenir tout comme leurs répercussions sur l’homme et la société.

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